dimanche 28 août 2016

Les dégustations : L'Esprit Rhum, nouveautés 2016 - partie 1

Ici classés par puissance croissante, de gauche à droite.

Bonjour à tous,

Voici une séance de dégustation que j'ai beaucoup anticipée. La sortie de nouveautés chez l'embouteilleur indépendant breton L'Esprit Whisky & Rhum est un événement qui a été attendu un bon moment (et pas que par moi).

Pour vous resituer un peu les loustics, ils avaient déjà à leur catalogue, quelques bouteilles remarquées, avec par exemple un Black Rock full proof (et réduit, comme à leur habitude), qui avait marqué les esprits (jeu de mot interstellaire), mais aussi un Belize ou encore un rhum brésilien, et j'en passe. Bref pas forcément les rhums les plus "à la mode", mais avec une vraie identité.

Du coup, quand ils m'ont contacté pour me faire parvenir des échantillons de ces nouveaux rhums, j'ai accepté bien volontiers.

Au menu des réjouissances : Haïti avec Barbancourt (deux versions, une réduite, l'autre non), la Jamaïque avec Worthy Park, Trinidad avec Caroni et enfin La Guyane Anglaise avec un Diamond. Des origines classiques pour un embouteilleur indépendant (Barbancourt un peu moins même si on en a déjà vu quelques-uns), mais qui sont aussi de qualité.

Il est à noter qu'un certain nombre d'informations sont affichées sur les bouteilles (et les échantillons en l'occurrence). Nous avons, bien sûr, la distillerie et le pays d'origine mais aussi les dates de distillation et d'embouteillage, le numéro du fût, et pour finir : que la couleur est naturelle et qu'il n'y a pas eu de filtration.



Meilleur que les embouteillages officiels
C'est précisément par ce rhum d'Haïti, en version réduite (46%) que nous allons débuter les hostilités.

Au nez, cela a beau être réduit, l’alcool est présent mais accompagné de notes gourmandes. Ce qui me vient à l’esprit c’est le beurre, l’orange, la banane ainsi qu’une légère vanille. Il a un quelque chose de jamaïcain (sans doute ce côté beurre et banane comme sur certains Hampden, bien que moins intense). Il me rappelle aussi le Barbancourt de chez Silver Seal sorti il y a quelques temps et l’impression générale est chaleureuse.

En bouche, l’attaque est mesurée, l’alcool est moins présent. L’orange ouvre les hostilités et est rapidement rattrapée, puis largement dépassée, par des notes empyreumatiques bien marquées.

La finale est moyennement longue et est dominée par les notes brûlées, qui disparaissent après une minute et laissent place à une impression légèrement amère. Cette dernière s’atténue à son tour et est conjuguée cette fois-ci et pour finir, à un arôme cendré.


Un rhum pas inintéressant au profil aromatique relativement simple.




Et encore mieux...
Naturellement, pour continuer, dégustons la version brut de fût, à 66.2%, et voyons les différences.

Au nez, l’alcool n’est pas aussi présent qu’on aurait pu le penser (juste un peu plus que sa version réduite). On y retrouve d’ailleurs les mêmes arômes – avec un peu plus d’intensité – et une note empyreumatique déjà présente. Seule « vraie » addition, une touche torréfiée, de café, qui ajoute une couche de complexité supplémentaire bienvenue.

En bouche, l’attaque n’est pas trop alcooleuse, la puissance vient dans un second temps, et pas qu’un peu ; il y a aussi une très légère sucrosité. Le profil jamaïcain de ce rhum est encore accentué sur cette version full proof, de manière assez explosive.

La finale est plus longue que sur la version réduite mais suit exactement les mêmes étapes.

Oui, il est un peu plus intéressant que sa version réduite, mais a aussi une partie de ses défauts.
A noter que quelques gouttes d’eau font ressortir des notes végétales ainsi qu’une certaine fraîcheur.
Intéressant pour ceux qui ne connaissent pas cette facette de la fameuse distillerie d'Haïti.

Il est à noter que seul ce Barbancourt est présent en deux versions, les trois autres sont tous brut de fût.

dimanche 14 août 2016

Une journée bon pied, bon oeil (sur Marne)



Voilà une fois de plus ce que ça donne quand je n'ai pas d'inspiration pour le titre d'un article...

Un bien beau rebord de fenêtre.

Et de 1...
et de 2...
Une semaine après la fin des vacances, je me suis rendu à une soirée, à laquelle j'avais été invité quelques semaines plus tôt. Et encore je dis soirée, mais il s'agissait plus d'une journée entière ^^.
Journée dédiée au rhum et au partage entre amateurs.

Je n'ai rejoint les autres participants qu'en milieu d'après-midi, pour prendre congé vers minuit.
Je ne vous épargne pas le périple en transports en commun : une quinzaine de stations de trams, une dizaine de stations de métro et quelques stations de bus. Une heure et quart quand même, et encore ça c'était à l'aller, au retour, en loupant mon bus et en attendant le suivant, c'était plus proche des 1h45. Faut être motivé, ça tombe bien je l'étais :D

et de 3...
et de 4...

Je peux vous dire que ces sept heures passées à déguster et papoter parurent très courtes. J'ai pu goûter d'excellentes choses, dont certaines que je n'avais pas encore eu la chance de découvrir jusque-là. Il m'aurait cependant fallu quelques heures de plus pour faire un tour un peu plus large de l'impressionnante collection de notre hôte.


Oui, sans aucun doute, goûter un J.M. 1985 (ouverte pour l'occasion), un Saint James 1982 ou encore un Port Mourant 1975 de chez Berry Bros, c'est vraiment enrichissant et intéressant pour l'amateur que je suis.

et de 5...
et de 6...
Mais le véritable intérêt de ce genre d'évènement, c'est sans nul doute le partage, des discussions autour de cette passion commune. Passer plusieurs heures à papoter rhum (et les sujets sont nombreux) avec d'autres personnes tout aussi enthousiastes que soi, c'est le pied.

Sans la générosité de notre hôte un tel moment si agréable n'aurait pu être possible, alors un grand merci à lui, invétéré dénicheur de bouteilles égarées aux quatre coins de la France !


Pour ce qui du rhum, coups de cœur sur ce Saint James 1982, très complexe, très évolutif, que l'on peut garder un long moment dans son verre pour en apprécier toutes les facettes !
et de 7...
et de 8...
J'ai évidemment pu apprécier plein d'autres rhums d'exception (je comprends maintenant mieux la passion de certains pour J.M. :)), en agricoles mais aussi de Guyane Anglaise. J'ai même fait un rapide crochet sur un whisky, qui bien que bon (très très bon selon les connaisseurs du groupe), ne me détournera pas de mon amour pour la canne à sucre :).

Je voudrais remercier pêle-mêle plein de choses sans lesquelles cet après-midi/soirée, n'aurait pas été le même : LE mur, Ali Baba, le Caroni 1982 renversé, les merguez, les chats errants, Uber, Rihanna, la RATP, Jean-Michel le distillateur cubain de l'aile ouest, le liquide le plus rare : l'eau, le nez débouché, l'Affreux et sa main verte, le ketchup explosif...

Seul regret : avoir dû rentrer avant la fin et donc avoir dû louper quelques très bonnes choses de plus ^^

Et quelques Demerara...


dimanche 7 août 2016

Des crêpes beurre sucre, du tourteau, des kouign ammans, des bulots et... du rhum ?


Oui, ma femme a fait de bien jolies photos, que j'ai allègrement subtilisées pour mon article :P

Une fois de plus, les vacances sont finies. Elles se sont finies en juillet cette année, ça nous promet un long été de boulot.

Mais projetons-nous plutôt sur ces deux semaines de vacances, qui se sont récemment achevées.

Cette année : Bretagne ! J'aime la Bretagne, et ces congés n'ont pas changé mon opinion, au contraire.
Nous avons fait quatre arrêts, ce qui représente autant de chances de trouver des cavistes et, avec un peu de chance, des bouteilles d'exception.

Carnac - Il y a à peine plus de menhirs que j'ai de bouteilles... dans mes rêves

Notre "périple" a commencé à Carnac cette année, ses alignements et... je dois avouer n'avoir pas eu la tête à écumer les rues de cette petite ville. Bon, en revanche, premiers fruits de mer du séjour, ça fait plaisir :)


Douarnenez pour continuer et ses kouign amanns hors du commun, les meilleurs des vacances (et je peux vous dire que j'ai eu de quoi comparer les jours suivants ^^).
C'est là que l'enquête a débuté. Au programme, deux cavistes, l'un ancien mais avec pour ainsi dire aucun rhum (et à des prix très élevés en plus) et l'autre plus moderne, avec une sélection plus que décente (presque toutes les séries Longueteau, JM, Compagnie des Indes et Rhums de Ced, plus pas mal d'autres bouteilles en tous genres), mais pas de bouteille exceptionnelle ; j'entends par-là, des choses qui ne se trouvent plus, comme des vieux millésimes martiniquais, des Velier ou d'autres embouteilleurs indépendants.

Douarnenez - Nous ne nous sommes pas lassés de passer sur ce pont pour en admirer la vue :)

Etape suivante, un petit village pas loin de Morlaix. C'est lors de la visite de cette dernière, que mon investigation a continué. J'avais repéré (merci internet) trois cavistes, tous proches les uns des autres dans la partie ancienne de la ville (très jolie par ailleurs).
C'est en prenant la direction du premier que j'en découvre un quatrième, malheureusement, pas une seule bouteille de rhum, seulement du vin (je n'ai rien contre le vin, j'aime même beaucoup ça, mais ce n'était pas l'objet de mes recherches).
Nous tombons sur le suivant, quelques dizaines de mètres plus loin. Je rentre, regarde aux alentours et tombe rapidement sur un relativement maigre rayon rhums. Au cas où, je demande tout de même si tout est là (je le fais toujours), mais devant la réponse affirmative du vendeur, je tourne les talons et sors (oui je lui ai quand même dit au revoir :p).

Pas de chance pour l'instant.

Troisième caviste, un peu plus intéressant, avec par exemple, des clairins. Cependant, rien qui ne soit introuvable sur Paris. Je passe donc mon chemin et me dis que ça ne sera pas pour aujourd'hui.
Eh bien, en dépit d'une dernière boutique encore mieux fournie (avec des HSE finition et du Caroni 15 ans entre autres choses), je ne m'étais pas trompé : ça ne sera pas pour aujourd'hui.

Morlaix (moi pas trop fort) - On peut monter jusqu'au premier étage du viaduc, pratique pour voir les cavistes de loin... ou pas.


Dernière étape des vacances, où nous sommes restés une semaine : Saint Jacut de la Mer. Je ne connaissais pas du tout et ça a été une excellente surprise. Sa principale qualité, selon moi : ses marées de très grande amplitude, qui permettent, à marée basse, de rejoindre des îles en marchant plus d'une heure sur le sable qui était recouvert d'eau quelques heures auparavant. Je ne vous dis pas les heures passées avec les enfants à pécher des crabes, des petits poissons et des crevettes, ni celles dédiées à la construction de châteaux de sable. J'ai rarement eu autant de courbatures que ces quelques jours ^^

Un Roudoudou très intéressé par ce homard rôti au beurre. Oui je me suis fait plaisir (surtout qu'avant il y avait un plateau de fruits de mer :D)
Ce n'est pas sur la presqu'île que vous aurez la moindre chance de trouver des bouteilles, il n'y a pas de caviste ^^
Il faudra aller dans les villes un peu plus grandes aux alentours, par exemple Dinard, voire Saint Malo. C'est précisément ce que j'ai fait :)

Saint Malo, j'étais assez excité à l'idée de voir la vielle ville, encerclée de remparts. Alors certes c'est beau, mais cela ressemble désormais plus à un musée, voire à un parc d'attractions pour touristes, dommage.
Un caviste dans cette partie fortifiée de la ville ; encore un qui n'a pas à rougir de sa sélection mais rien pour moi.
Sur le chemin du retour et à l'aide de mon téléphone, j'en ai visité deux autres. L'un comme l'autre n'avaient rien de bien folichon, et m'ont tous deux dit "Il n'y a pas de tradition ou de goût pour le rhum dans le coin, vous ne trouverez rien." Et ils n'eurent donc pas tort, puisqu'une fois de plus je suis rentré bredouille.


Un bon moment que j'y pensais
Avant de revenir à Saint Jacut, où m'attendait ma femme toute anginée qu'elle était, je me suis dit que j'allais jeter un oeil à Dinard. Nous y étions passé quelques jours plus tôt mais plus pour apprécier la ville (et accessoirement manger des fruits de mer ^^), que pour chercher du rhum.
Une fois plus, je regarde mon téléphone et je repère deux cavistes pas très loin du casino (non pas le supermarché).
Je trouve une place de parking à l'ombre non loin et laisse un Roudoudou assoupi dans la voiture.
A l'approche du premier, je me rends compte qu'il s'agit d'une franchise, du type Nicolas et c'est sans surprise que je ne trouve pas mon bonheur. En revanche, il me conseille d'aller voir un autre caviste, précisément celui que j'avais déjà repéré.

Boutique relativement ancienne à en croire son apparence. J'entre, salue les deux personnes en train de ranger de nombreuses bouteilles et commence à jeter un oeil. Sans aucun doute le choix le plus large sur tous les cavistes précédemment visités, avec par exemple, certains Silver Seal, dont un Hampden 1993, 20 ans d'âge. C'est celui-là même que j'avais goûté il y a un an et demi en Normandie lors du Salon de Louviers. Il m'avait alors fait une très forte impression et vu son prix, je n'ai pu résister.
Parmi les récentes, une des meilleures, à ne pas louper !
C'est en levant les yeux, que je vois tout en haut de l'étagère, trois boites de Demerara de chez Velier, un Uitvlugt 1996, un 1997 et un Diamond 1999 <S> (il en existe un autre, le <SVW>, que je préfère, car moins boisé). Mais pas de prix affiché, contrairement aux autres bouteilles. Je vais voir un des vendeurs et lui demande si les boites sont vides et, si elles ne le sont pas, si elles sont à vendre.
Il me répond qu'il les vend bien et qu'il doit regarder dans leur fichier informatique pour en connaitre le prix. Ces derniers étant raisonnables, je n'ai pas résisté et ai acheté le Uitvlugt 1997, en plus du Hampden (ainsi que de sympathiques terrines de produits de la mer :P).
Pendant ce temps-là, il m'explique qu'il lui est déjà arrivé de refuser des ventes sur ces bouteilles et que c'est pour cette raison que les prix ne sont pas apparents ; c'est au feeling qu'il décide ou non de céder ce genre de rhums.
Je ne dois donc pas être trop un connard ^^



C'est riche de ces deux bouteilles de dernière minute dans ma besace, que j'ai repris le chemin de notre location et, le surlendemain, de Paris :)


Mais bien sûr qu'il fait toujours moche en Bretagne :P