samedi 23 mai 2015

Le rhum made in Brooklyn - 2ème partie



Nous sommes là, posés avec un verre à la main et on se relaxe après nos (més)aventures pour arriver jusqu'ici.

Tchin-tchin, ou plutôt, cheers!

Melissa, notre hôte, commence à nous expliquer l'origine du projet et la philosophie de sa créatrice : Bridget Firtle. Vous pourrez trouver plusieurs interviews de Bridget à ce sujet, mais en deux mots, après avoir pu mettre pas mal d'argent de côté en travaillant à la bourse, elle a décidé de quitter son boulot et de vivre d'une passion.

Sa démarche (et celle de ses trois employées) est 100% qualitative. Plusieurs caractéristiques de leur rhum démontrent cette volonté.


Non, ce n'est pas de l'huile de moteur
Tout d'abord, la mélasse utilisée (qui vient des Etats-Unis) est de très bonne qualité. J'ai d'ailleurs pu la goûter - c'était la première fois que j'avais l'occasion de goûter de la mélasse - et elle est riche en arômes de caramel et de réglisse, tout en étant très sucrée.

Ensuite, la fermentation se fait sur cinq jours. Plus la fermentation est longue plus les goûts vont se développer (la durée de cette étape est le plus souvent de 24 à 36 heures).



Le pot still et la colonne flambant neufs !

La distillation, elle, est réalisée sur colonne et sur alambic (ou pot still). Là aussi, cela va permettre de concentrer les arômes. En principe, on dit d'une distillation sur pot still qu'elle donnera un produit plus expressif ; attention à ne pas généraliser tout de même ;)
Le passage par la colonne permet de corriger certaines saveurs non désirées plus qu'autre chose.



Dans le seau, là

Le distillat (rhum à la sortie de l'alambic/colonne) est à 80° d'alcool. Plus ce degré alcoolique est fort moins riche et parfumé sera le rhum. En effet, les arômes viennent des éléments non-alcool. Là encore, la qualité et le goût est placé au centre du processus, puisque l'on trouve beaucoup de rhums dont le distillat a un degré d'alcool plus élevé (jusqu'à 95°).
J'ai eu la chance de goûter le rhum à la sortie de l'alambic et la première chose que je me suis demandé, c'est : pourquoi réduire ce rhum à 40° ? :)

Un arôme de banane assez incroyable et une vraie explosivité ; tout ça, juste avec une goutte !

Manque plus que l'étiquette

Pour finir, rien n'est ajouté et vous n'avez donc dans la bouteille que le produit lui-même, non altéré.

Il est ensuite embouteillé et l'étiquette est collée à la main sur la bouteille.



Magnifique colonne !

J'ai adoré visité la distillerie, là où tout arrive, là où tout est fait :)
Une chaleur pesante (et encore, je n'ose imaginer comment c'est en été) et le bruit des machines en fond vous mettent directement dans l'ambiance. Le pot still et la colonne sont tous les deux magnifiques. Les autres appareillages et les cartons de bouteilles complètent le tableau.


Et ce rhum alors, comment est-il ?
Eh bien il n'est pas mal du tout pour un rhum blanc de mélasse (oui je peux avoir quelques a priori parfois :p) !
Il est fruité, banane, poire, papaye et prune et pas agressif du tout ; ma femme, qui trouve le rhum (et les spiritueux de manière générale) trop fort en alcool a même fini son verre, c'est dire :) Et puis il a quelque chose de différent.
Si vous ajoutez à cela une légère note fumée sur la finale, non seulement vous avez un rhum facile d'accès et agréable mais également intéressant, car pas si simple que ça.
Apparemment beaucoup de visiteurs de la distillerie lors de la dégustation ont un "Wahoo effect" quand on leur dit qu'il s'agit bien de rhum ; cela ne colle pas avec leur idée d'un alcool qui brûle la gorge et qui n'est pas fruité :)


Les bouteilles "spiced" et les deux fûts
Pour l'instant, il n'est pas question de produire un autre rhum (soit sur un degré l'alcool différent, soit vieilli).
Cependant - oui il y a un cependant - certains tests sont en cours. Plusieurs bouteilles ont reçu des épices diverses et variées et deux fûts sont bien tranquillement en train de faire leur boulot, histoire de voir ce que cela pourrait donner. Moi, ça me rend impatient et j'espère bien que le résultat sera positif !


Maintenant la mauvaise nouvelle : il est compliqué de se procurer ce rhum sur le vieux continent. Cependant il semblerait que quelques caisses aient été envoyées en France peu avant ma venue, donc peut-être bientôt une bonne nouvelle de ce côté-là :)



Pour finir, et en cette période de l'année très Festival de Cannes, j'aimerais remercier quelques personnes.
Mes parents bien sûr, sans qui je ne serais pas là :P
Plus sérieusement, tout d'abord ma femme qui m'a aidé à gérer mon stress et qui a pris ces magnifiques photos.
Et ensuite Melissa qui a été adorable en prenant pas mal de son temps pour nous faire découvrir de l'intérieur cette belle aventure qu'est The Noble Experiment.


Pour conclure cette conclusion : si vous avez l'occasion de goûter ce rhum, n'hésitez pas ! ;)



dimanche 17 mai 2015

Le rhum made in Brooklyn - 1ère partie


Et voilà, les vacances sont terminées :(


Cinq jours à New York avec madame et sans les enfants ; des vacances quoi :D
Ça aura été extrêmement intense, plein de choses vues, pleins de choses goûtées et énormément de marche.


Il n'y aura pas eu tellement de rhum durant ces quelques jours mais, vous vous en doutez, quand même un peu ;)

Eh oui, pour ceux qui ne le sauraient pas, les Etats-Unis connaissent actuellement une (re)naissance rhumesque, de la côté Est à la côte Ouest (et entre les deux :)).


Du côté de la Californie, nous avons par exemple, les "fameux" rhums de la distillerie Lost Spirits, qui élaborent leurs rhums de manière scientifique et fun à la fois, je vous en reparlerai sans doute, mais aussi un rhum Agricole (en blanc et en vieux) : le Saint George.

Et puis, sur la côte Est, à New York et encore plus précisément, à Brooklyn, une petite distillerie a ouvert ses portes il y a environ 4 ans : The Noble Experiement. Cette dernière produit à l'heure actuelle un unique rhum (blanc), le Owney's.

J'adore cette vue : le bar, les chaises et tabourets, les bouteilles alignées et ce mur :)


Bon quand je vous disais que ces vacances n'ont pas été placées sous le signe du rhum, il y a quand même eu la visite de cette distillerie, laissez-moi vous raconter.


J'avais entendu parler ce cette distillerie et de leur rhum il y a quelque temps déjà. Un rhum produit a New York même, cela avait marqué mon esprit.
Puis quelques mois plus tard j'avais pu lire une interview de Bridget Firtle, créatrice et master distiller. J'ai été séduit par son histoire.

Nous planifiions, ma femme et moi, à cette époque, un séjour de quelques jours à New York et il ne m'a pas fallu beaucoup de temps pour que l'idée d'une visite de la distillerie germe dans mon esprit.

J'ai tout simplement contacté Bridget sur Facebook, pour lui communiquer mon enthousiasme et lui demander si une visite était envisageable. Elle m'a rapidement répondu pour me remercier de mon intérêt et m'informer qu'en effet, des visites sont organisées tous les samedis.

New York, tout simplement
C'est avec cette idée en tête que je demande à ma femme si elle serait d'accord pour caser ça dans nos vacances et elle répond immédiatement que oui (oui elle est drôlement sympa ma femme, surtout quand on sait qu'elle n'aime pas le rhum). Elle réserve même les billets (pour environ une dizaine de dollars si ma mémoire est bonne) pour le lendemain de notre arrivée et note l'adresse sur notre planning (oui elle pense à tout ;)).


Le jour du départ pour les Younaillteude Staytsse arrive : marche, tram, RER, attente, avion, arrivée, ATTENTE, taxi, hôtel, AATTTEEEENNNTTEE, dodo !

C'est, à vrai dire, étonnamment frais, que le lendemain, après une matinée bien chargée, nous décidons de nous mettre en route pour The Noble Experiment.

On regarde un plan de métro : pas trop compliqué, une ligne de métro passe pas trop loin et d'après le plan nous devrions en avoir ensuite pour environ 10 minutes à pieds. Bref, on devrait y arriver en moins d'une heure, mais pour être sûr on prend 1h30.

Ça, c'était le plan. Il était bien ce plan...

Mais voilà, le destin s'en est mêlé.
Je vais vous le faire court : ligne de métro fermée. tentative pour trouver un itinéraire de remplacement ; on le trouve et nous devons alors marcher un peu avant de prendre une autre ligne, qui devrait nous déposer un peu plus loin que le plan initialement prévu mais ça devrait le faire.
Hop on file dans le métro et ce n'est qu'à ce moment-là que nous nous sommes rendu compte que selon l'entrée que vous prenez pour pénétrer dans une station du subway, vous n'arrivez pas sur le même quai (bon ça dépend des stations). Si ce n'était que ça, ça irait mais, il n'y a alors pas moyen de passer sur l'autre quai sans ressortir et donc de chercher l'autre entrée et d'utiliser un nouveau ticket. On perd donc un peu plus de temps mais arrivons du bon côté des rails, pour prendre ce métro tant attendu, tant attendu... très très attendu ce métro quand même. Bref, il arrive finalement et ce trajet parait interminable.
Voilà, c'est notre station, tout le monde descend.

Beau temps et environnement intéressant (sans ironie)
A ce moment-là il est déjà 16h, à savoir l'heure du début de la visite.
Nous vérifions l'adresse et nous dirigeons vers la distillerie. Le problème c'est que nos téléphones ne fonctionnent pas et que la carte que nous avons n'est pas très précise...
Plan B : nous demandons à deux personnes dans la rue si elles connaissent la rue ne question, réponse : non.
Mais au moins, elles, ont un téléphone qui marche ici ^^
Elles cherchent donc l'adresse, la trouvent après quelques essais infructueux. Après avoir pris des photos des indications pour nous y rendre et du plan de route, nous les remercions énormément et nous mettons à courir. Oui, parce qu'on réalise que pour couronner le tout, on est plus loin que prévu !
On fonce et après une quinzaine de minutes, on arrive dans cette rue si convoitée, mais bien sûr, on ne trouve pas le numéro qui nous intéresse. On décide alors de demander où trouver cette distillerie à un autre numéro de cette rue, pour le moins d'apparence industrielle.
Un homme nous explique que tout l'immeuble lui appartient et que notre objectif se situe un peu plus loin, toujours dans le même édifice. On y va mais il n'y a pas d'autre porte... Ou plutôt, si, mais à plus d'un mètre de hauteur et parait donc plutôt difficile d'accès. On retourne voir le monsieur rencontré un peu plus tôt, qui décide bien gentiment de nous y amener par l'intérieur du bâtiment. Après avoir passé deux ou trois portes, nous voilà arrivés à bon port ! Enfin !

Voilà, ça s'était la version courte :D

Nous sommes accueillis par une charmante jeune femme, à laquelle on explique que nous devions arriver 45 minutes plus tôt pour la visite de la distillerie. Et là, je lis dans son regard, que du coup ça risque d'être un peu compliqué et je comprends pourquoi quand je vois sa collègue courir de-ci de-là : apparemment quelque chose va de travers et elles ont donc un paquet de boulot.

Mais finalement après une courte réflexion elle nous propose de nous asseoir, de nous mettre à l'aise  et nous sert à chacun un verre de leur rhum :)

Le rhum et le verre, sur leur très sympathique bar